Nous avons pris le temps de l'explorer pendant maintenant près de 2 mois, et pensons être enfin en mesure de publier un test honnête de cette machine.
Comme indiqué par la mention EXAM MODE présente en haut à gauche sous le nom de modèle, ce modèle dispose d'un mode examen, conformément à la nouvelle règlementation des examens 2018, dont le Baccalauréat et le BTS.
Cette réforme du mode examen vise à effacer ou verrouiller en début d'épreuve toutes les données rajoutées par le candidat dans la mémoire de sa calculatrice.
Sommaire :
- Déballage et clavier
- Allumage, alimentation et écran
- Modes de fonctionnement et graphiques
- Mémoire et mode examen
- Performances
- Matériel
- Bilan
1) Déballage et clavier :Go to top
L'avant de l'emballage nous présente la Lexibook GC3000FR comme un modèle disposant de 262 fonctions de calcul.
En cela, la calculatrice semble être une évolution de l'ancien modèle non conforme GC2200 qui disposait lui aussi d'exactement 262 fonctions.
Le dos de l'emballage nous décrit quant à lui pléthore de fonctionnalités, nous vantant entre autres le grand écran, et nous annonçant même une conception en Europe.
Niveau accessoires, nous trouvons :
- les piles préinstallées dans la calculatrice avec une languette isolante à retirer
- un manuel en français
- un câble de communication mini-Jack 2.5, soit exactement le même connecteur que pour les calculatrices Casio; chose qu'il n'y avait pas avec l'ancien modèle GC2200FR dépourvu de port de communication
Nous en arrivons donc maintenant à la calculatrice. Ce qui surprend, c'est l'extrême légèreté de la machine, avec seulement :
- 165g en CNU (Conditions Normales d'Utilisation : boîtier + alimentation)
- 206g en CNT (Conditions Normales de Transport : boîtier + alimentation + couvercle)
Niveau dimensions par contre, rien de bien extraordinaire... c'est le format d'une brique épaisse qui encombrera dans le sac bien davantage qu'un smartphone, de façon comparable à une TI-82 Advanced ou Casio Graph :
- 18,3 x 8,2 x 2 = 300,120cm³ en CNU
- 18,4 x 8,9 x 2,2 = 360,272cm³ en CNT
Un petit tour du boîtier nous permet de noter :
- la présence d'une diode examen rouge sur la tranche supérieure dans un petit renfoncement, chose rappelant fortement le design d'une télécommande
- la présence d'un port de communication mini-Jack 2.5 sur la tranche inférieure, nouveauté par rapport à l'ancien modèle GC2200
c'est sans doute pour désactiver le mode examen, la méthode usuelle sur nombre de modèles étant la connexion à une autre machine puisque de toutes façons le candidat n'a droit qu'à une seule machine sur sa table, mais Lexibook en a-t-il profité pour permettre enfin l'échange de données entre ses machines ?
Le clavier de 50 touches paraît très fouillis et donc extrêment complexe à utiliser. Chaque touche est accompagnée :
- d'une inscription blanche indiquant sa fonction principale
- d'une inscription supérieure marron indiquant sa fonction secondaire accessible avec le modificateur
SHIFT
- d'une inscription supérieure verte indiquant sa fonction secondaire accessible avec le modificateur
ALPHA
Pire, certaines touches indiquent plusieurs fonctions secondaires accessibles avec
SHIFT... donc ça change selon le contexte ?
Certaines touches sont même accompagnées d'une inscription supérieure blanche, alors qu'il n'y a visuellement pas de modificateur associé à cette couleur.
Sans compter que le modificateur
ALPHAne semble pas être dédié à la saisie de textes, les seuls caractères alphabétiques indiqués étant au nombre de 9 : ABCDEFXYM. Les inscriptions vertes de toutes les autres touches concernent des fonctions mathématiques, ce qui casse complètement la logique du clavier.
Nous avons à priori très peur, à croire que la moindre petite manipulation qui aurait dû être intuitive, va nécessiter ici de mémoriser un raccourci clavier spécifique.
2) Allumage, alimentation et écran :Go to top
L'allumage nous fait reculer d'horreur... L'écran avec une zone affichable de 5,8x3,3=6,67cm² faisait en fait illusion. Il présente nombre de défauts :
- utilisation de cristaux liquides bleus et qui donc se voient mal car peu contrastés (comparable à une Casio Graph 25+E et donc pire que tous les autres modèles)
- il ne semble y avoir de plus aucun raccourci clavier pour régler le contraste
- contrairement à tous les autres modèles, l'écran n'est pas matriciel mais hybride avec :
- une zone matricielle dédiée aux graphiques de 47x32 pixels en bas à gauche
- une zone matricielle dédiée aux calculs/résultats de 87x8 pixels en bas (et recouvrant partiellement la précédente)
- 2 afficheurs numériques à 7 segments apparemment dédiés aux exposants
- 19 indicateurs de formes prédécoupées
L'écran n'est certes pas une fonctionnalité mathématique, mais il est quand même directement lié au confort d'utilisation.
Niveau alimentation, la calculatrice comporte :
- 2 piles AAA mises en série (2x1,5=3 Volts)
- une pile bouton CR2032 également de 3 Volts, estampillée backup battery et donc destinée à préserver le contenu de la mémoire en cas de coupure d'alimentation
Mais en fait non, le constructeur n'a pas investi dans le développement d'un véritable circuit d'alimentation parallèle dédié à la préservation du contenu de la mémoire vive en cas de retrait ou faiblesse des piles AAA.
En réalité, lorsque l'on déverrouille le couvercle des piles à l'aide de l'interrupteur, cela connecte la pile bouton en parallèle des deux piles AAA.
Ben oui, si l'on retire les piles AAA, la calculatrice peut toujours être allumée tant que l'on ne retire pas la soi-disant pile de sauvegarde, et inversement.
Cela permet divers applications :
- si pendant un DS ou examen tu te rends compte à un moment que tes piles sont trop faibles, il te suffira juste de déverrouiller le couvercle des piles pour basculer sur l'alimentation 3 Volts de la pile de sauvegarde !
- par contre, si tu retires une pile AAA, tu peux alors te servir de l'interrupteur pour dissimuler une préactivation du mode examen et donc frauder
3) Modes de fonctionnement et graphiques:Go to top
Sur ce modèle, on ne parlera pas d'applications mais de modes de fonctionnement, entre lesquels on peut basculer avec la touche
MODE:
- COMP : Le mode de calcul standard.
Contrairement à tous les autres modèles conformes 2018, il y a ici incapacité d'afficher simultanément un calcul et son résultat.
L'historique des calculs est bien remontable, mais 1 seule ligne sera affichée à la fois, et uniquement le calcul, pas son résultat.
Des possibilités extrêmement décevantes, il y a quand même suffisamment de place pour faire bien mieux que ça sur l'écran...
La machine gère un moteur de calcul exact fractionnaire à condition là encore d'utiliser la toucheab/c
peu intuitive lors de la saisie au lieu de÷
.
Problème, ce modèle ciblant pourtant la France puisque s'appelant GC3000FR, est le seul à fonctionner par défaut dans la notation anglo-saxonne inconnue des élèves, et il semble n'y avoir aucun moyen de changer ce comportement !
Pire, la notation non naturelle adoptée est complètement déroutante, nous faisant lire que 36/14-3/4=1/23/28 !
Or,$mathjax$\frac{\frac{1}{23}}{28}≠1+\frac{23}{28}=\frac{51}{28}$mathjax$, de quoi faire un exercice complètement faux si on se base sur la calculatrice !
Pour obtenir la fraction dans l'écriture usuelle, il faudra le demander manuellement après résultat à chaque fois, avec non pas une mais deux touches supplémentaires,SHIFT
ab/c
.
La calculatrice n'est donc déjà même pas adaptée au niveau Cinquième du programme scolaire français ! - CMPLX : Un mode spécifique pour les calculs sur des nombres complexes (Terminale S et STI2D/STL).
C'est ici non seulement catastrophique mais même dangereux, la machine n'affichant par défaut que la partie réelle des résultats... Or, 3 et 3-2i par exemple, ce n'est pas du tout la même chose !
On aurait pu imaginer un indicateur intuitif invitant à faire défiler le résultat, comme par exemple une flèche vers la droite...
Mais non, rien de tel. Il te faudra donc deviner que tu dois taperSHIFT
=
pour alterner entre la partie réelle et la partie imaginaire du dernier résultat.
Et pourtant, il y a de la place en bas de l'écran... - SD : Pour les statistiques à une variable.
Encore une fois, lors de la saisie de tes données statistiques, ne t'attends surtout pas à voir l'écran afficher plus d'une valeur numérique à la fois.
Sois donc très attentif lors de ta saisie, car tu n'auras pas de vue d'ensemble à la fin, et car toute erreur te donnera au final des paramètres faux.
Paramètres qui seront à demander un par un avec la toucheSHIFT
ouALPHA
, suivie de la touche numérique ou opératoire dont une inscription secondaire mentionne le paramètre souhaité.
Notons que la médiane et les quartiles n'en font même pas partie, alors qu'incontournables en Seconde...
La calculatrice est donc également déficiente en Seconde. - REG : Pour les statistiques à deux variables et ajustements/régressions.
Ne t'attends surtout pas à obtenir à l'écran l'équation de ton ajustement.
Tu devras en demander manuellement les paramètres A, B et/ou C à l'aide des fonctions alphabétiques des touches numériques, ce qui n'est déjà pas évident.
Mais bien évidemment, pour maximiser les chances de te faire échouer, la calculatrice n'utilise pas les formules usuelles.
Son ajustement linéaire n'a pas pour équation y=Ax+B mais y=Bx+A.
Son ajustement quadratique n'a pas pour équation y=Ax²+Bx+C mais y=Cx²+Bx+A.
Pour ne pas te planter, tu n'auras que le choix de lire et retenir par coeur les formules du manuel. - BASE-N : Pour les calculs en base non décimale : hexadécimale, octale ou binaire.
C'est dans ce mode que les fonctions secondaires accessibles avec le modificateurSHIFT
sont modifiées et remplacées par les écritures blanches.
Quant au timbre poste graphique activable à tout moment avec les touches en haut à gauche du clavier, tu pourras définir au choix :
Tu pourras faire suivre la courbe avec un curseur. Toutefois, la calculatrice ne semble pas avoir suffisamment de puissance pour te proposer autre chose que les valeurs associées aux 47 colonnes de pixels. Il faudra retracer la courbe avec une fenêtre différente.
La machine semble toujours incapable d'afficher sur le même écran plusieurs valeurs. De façon totalement non intuitive, pour basculer le mode d'affichage de coordonnée entre X et Y, tu devras deviner qu'il te faut taper au clavier
SHIFT
↓.
Pire encore, lors de la résolution graphique d'équations (c'est-à-dire la recherche de points d'intersection), la chose démontre une nouvelle fois son incapacité à travailler sur autre chose que les pixels affichés, te retournant donc une approximation très grossière et donc complètement fausse d'une solution.
Or, pour x²-x=1, 0,5217391 et
$mathjax$\frac{1-\sqrt{5}}{2}\approx 0,6180340$mathjax$
, ce n'est pas du tout pareil... Remarquons en passant que malgré le nom de modèle GC3000FR, tout le système semble être en anglais jusqu'à présent, exactement comme le modèle GC2200 précédent.
4) Mémoire et mode examen :Go to top
Niveau mémoire, nous avons donc 2 lignes d'environ 100 tokens (mots) chacune pour les définitions de graphique.
Cette mémoire semble partagée entre les définitions Y1= et Y2= d'une part, et X= et Y= d'autre part.
En effet, un changement de mode graphique (fonctions ou paramétrique) efface la dernière définition.
Ces 200 tokens pourraient certes servir au stockage d'anti-sèches, les définitions étant aisément rappelables via l'éditeur graphique.
Toutefois, malgré la présence d'un modificateur
ALPHAle clavier alphabétique est ridiculement limité aux lettres ABCDEFMTXYi via le modificateur
ALPHA, et eπ via le modificateur
SHIFT.
De plus, toutes les lettres ne sont pas accessibles dans l'éditeur de fonctions :
- seulement ABCDEFMXeπ en mode fonctions
- et seulement ABCDEFMTeπ en mode paramétrique
Tu disposes également d'une autre mémoire accessible via la touche PROG (
SHIFT
CALC) mais qui n'a toutefois rien à voir avec le stockage d'un programme (et donc potentiellement de lignes de texte).
Il s'agit juste de mettre en mémoire une formule d'environ 100 tokens, pour pouvoir l'évaluer plus tard.
Ici c'est beaucoup moins intéressant pour du stockage d'informations, puisque le contenu de la formule stockée ne pourra pas être rappelé à l'écran, juste évalué ou écrasé.
Tu disposes enfin de 9 variables permettant de stocker des valeurs numériques, ABCDEFMXY.
Pour des nombres complexes toutefois, seules les variables ABCM seront utilisables, le stockage mémoire de nombres nécessitant deux fois plus de place (parties réelle et imaginaire) utilisant probablement la même zone.
La taille exacte de la mémoire disponible pour l'utilisateur est inconnue, mais tout ceci ne semble pas dépasser les 256 octets.
A notre sens, la Lexibook GC3000FR n'est pas une calculatrice graphique programmable, puisque l'on ne peut y stocker de programmes/textes, et n'avait donc aucun besoin d'un mode examen selon les textes officiels.
On ne peut y stocker que des équations/lignes, tout comme sur les TI/Casio Collège, calculatrices scientifiques justement considérées comme non programmables et qui sont autorisée sans mode examen.
Lexibook a donc quand même fait le choix de doter sa GC3000FR d'un mode examen, soit pour donner l'impression d'innover, soit pour que les candidats ne soient pas embêtés, nombre de surveillants risquant de confondre calculatrice graphique et calculatrice programmable.
Pour activer le mode examen, tu devras :
- Allumer la calculatrice
- Maintenir les touches
LN
7
AC
, qui t'afficheront le seul message français de tout le système. - Confirmer avec
←
=
- Reconfirmer avec
←
=
- Patienter (environ 2,1s avec une mémoire vide, ce qui est beaucoup)
Le mode examen signale son bon fonctionnement par un clignotement de diode très visible sur la tranche supérieure, ainsi que par le clignotement d'un drapeau E en haut à droite de l'écran.
Pour désactiver le mode examen, il faut usuellement une connexion avec un ordinateur ou une seconde machine, chose dont on ne disposera pas à l'examen (le candidat n'ayant droit ni à un ordinateur, ni à l'utilisation simultanée de 2 calculatrices).
Tu peux déjà oublier l'ordinateur, puisqu'aucune interface de communication ordinateur USB↔mini-Jack 2.5 n'est fournie avec la machine d'une part, et que d'autre part aucun logiciel de communication n'est téléchargeable à ce jour sur le site de Lexibook.
Or, il est essentiel pour toi de pouvoir désactiver le mode examen, car tu dois te présenter en début d'épreuve avec une machine hors mode examen (soit en langage surveillant, avec une diode éteinte).
En effet, une diode qui clignote à ton arrivée en salle d'examen ne signifie pas que la machine est vide, mais qu'elle a été vidée il y a un certain temps. Tu as donc possiblement eu tout le temps de la reremplir depuis...
Pour désactiver le mode examen, pas le choix ici, tu auras donc besoin d'une deuxième machine compatible, c'est-à-dire à ce jour de trouver un(e) camarade également équipé(e) d'une Lexibook GC3000FR.
Mais pire, Lexibook s'est montré ultra sévère en rendant impossible la désactivation du mode examen entre calculatrices étant toutes deux en mode examen.
Tu devras donc trouver quelqu'un disposant d'une calculatrice Lexibook GC3000FR qui ne soit pas elle aussi en mode examen !
Autrement dit, le jour d'une épreuve, il te sera impossible de trouver ça auprès de tes camarades.
Il te faut donc connaître quelqu'un(e) équipé(e) du même modèle que toi et qui ne passe pas d'épreuves les mêmes jours que toi...
Le jour où tu réussis à trouver un tel compagnon d'infortune, il te faudra :
- Allumer les deux calculatrices
- Les connecter avec le câble mini-Jack 2.5 (câble standard remplaçable par un câble Casio trouvable très facilement si besoin, le câble Casio étant à la différence muni de fusibles de protection empêchant la destruction de la machine en cas de bêtise).
- Sur celle qui est en mode examen, maintenir les touches
LN
7
AC
pendant une seconde - Confirmer la demande de déverrouillage avec
←
=
- Sur la deuxième machine, autoriser le déverrouillage avec
←
=
Cela nous semble faire beaucoup de contraintes, il est probable à notre avis qu'une fois le mode examen activé une première fois (DS ou examen blanc pendant l'année, première épreuve avec calculatrice...), il te soit alors totalement impossible de le désactiver.
Autrement dit, ta calculatrice devient alors inutilisable pour toute épreuve ultérieure - la Lexibook GC3000FR est ainsi la première calculatrice graphique jetable !
A moins que tu n'en achètes deux (comme nous pour ce test) et ne les mettes jamais toutes les deux simultanément en mode examen, seule et unique solution fiable.
Tu pensais peut-être économiser quelques euros en optant pour la Lexibook GC3000FR au lieu d'une Casio Graph 25+E, et bien non... tu seras condamné(e) tôt ou tard à en acheter une 2ème, ce qui te reviendra au final plus cher qu'un modèle de milieu de gamme très supérieur !
5) Performances :Go to top
Le modèle n'étant pas programmable, les tests de performances que l'on peut réaliser seront limités et donc imprécis.
Selon l'épisode 19 de nos tests de rentrée QCC 2017, en terme de tracé de graphiques, la Lexibook GC3000FR est environ :
- 3 fois plus lente qu'une TI-82 Advanced ou TI-84 Plus T (processeur 8-bits z80 @ 15 MHz)
- 25 fois plus lente qu'une Casio Graph 25/35/75+E (processeur 32-bits SH4 @ 12 MHz)
- 100 fois plus lente qu'une TI-Nspire CX (processeur 32-bits ARM @ 156 MHz)
- 185 fois plus lente qu'une Casio Graph 90+E (processeur 32-bits SH4 @ 112 MHz)
6) Matériel :Go to top
L'ouverture de la calculatrice permet de remarquer que la diode examen n'est absolument pas sécurisée, étant déportée sur une carte fille reliée à la carte mère par 2 fils.
Rappelons que les calculatrices graphiques Lexibook, malgré la soi-disant conception en Europe mise en avant par l'emballage, sont en réalité issues du taïwanais Truly :
- la Truly TG202 déguisée en Lexibook GC2000
- la Truly TG204 déguisée en Lexibook GC2200
- la Truly TG205 déguisée en Lexibook GC900
La référence TG206-A-2 présente sur la carte mère ne permet pas de déroger à la règle.
La Lexibook GC3000FR serait en réalité une Truly TG206 même si ce modèle ne semble pas être directement commercialisé par la marque, évolution de la Truly TG204 / Lexibook GC2200.
L'on constate d'ailleurs la grande similarité des deux cartes mère.
Niveau ajout, nous notons :
- les circuits conduisant aux fils de la diode examen
- le port mini-Jack 2.5 et les circuits qui vont avec
- bizarrement, une petite puce FT24C02
Son ajout ne peut admettre à notre avis qu'une seule et unique explication : cette puce est destinée au stockage de la configuration du mode examen, qui devient ainsi inaltérable par simple retrait des piles.
Et si il s'agit d'un simple bit indiquant l'activation sa taille est probablement plus que suffisante (sans doute n'était-il pas possible de trouver de mémoire Flash plus petite / moins chère).
Avec ses pattes exposées de façon aussi indécente, on pourrait même se demander si cela ne permettrait pas quelques manipulations bien croustillantes...
7) Bilan :Go to top
Il manque beaucoup de fonctionnalités essentielles à la Lexibook GC3000FR par rapport aux programmes scolaires contemporains, comme si une faille temporelle avait bloqué ce modèle dans les années 90 : pas de quartiles, pas de programmation, pas de matrices (bien que le dos de l'emballage mentionnait une mémoire matricielle...), pas de vecteurs, pas de lois binomiales/normales, pas d'intervalle de fluctuation... sans compter les fractions qui ne sont pas affichées sous la bonne forme pour le programme scolaire français et dont la correction nécessite 2 touches supplémentaires à chaque calcul !
Malgré l'écran graphique, le modèle n'est capable d'afficher qu'une seule ligne, calcul ou résultat (pas les deux), soit moins bien qu'une calculatrice TI-106II de primaire...
Le modèle semble de plus ne pas avoir les capacités lui permettant d'afficher à l'écran plus d'une valeur numérique à la fois.
Donc inutile d'espérer obtenir un tableau de valeur de fonction, ou une vue d'ensemble des données statistiques saisies ou de leurs paramètres.
Limitation qui se ressent même jusque dans les nombres complexes ou coordonnées, qui nécessiteront de basculer entre parties réelle et imaginaire ou entre X et Y, via deux raccourcis spécifiques non intuitifs.
Dans le contexte des graphiques, le modèle semble incapable de travailler sur autre chose que les pixels affichés.
Impossible d'obtenir une image d'une valeur intermédiaire entre deux pixels, et de même lors de la résolution d'équations les solutions seront arrondies au pixel près, avec comme conséquence des approximations aberrantes bien au-delà des 5-10% de marge d'erreur.
Pas d'écriture naturelle ni de calcul exact en dehors des fractions, opter pour ce modèle au lycée sera un brutal retour en arrière par rapport à ta TI/Casio Collège, aux conséquences désagréables voir même dramatiques.
Un modèle de plus très difficile à manipuler, ne donnant quasiment aucune indication sur son écran avec une démultiplication des combinaisons claviers toutes différentes à connaître pour réaliser des choses qui auraient dû être simples/intuitives.
Il n'y a eu visiblement aucun effort pour corriger les très graves défauts du modèle GC2200 précédent.
On voudrait faire échouer les élèves que l'on ne s'y prendrait pas autrement...
La seule chose qui semble avoir mobilisé l'essentiel des efforts de développements autour de ce nouveau modèle, c'est visiblement le mode examen, seule et unique fonctionnalité à être offerte en français d'ailleurs, un mode examen de plus raté puisque en pratique quasiment impossible à désactiver sans repayer !
Et encore, même dans ce contexte c'est le minimum syndical. Lexibook/Truly n'a pas profité de l'ajout d'un port de communication ce qui implique développement d'un protocole de communication, pour permettre enfin l'échange de données utilisateur entre ses machines.
Donc, sous ses faux airs de calculatrice graphique programmable, un modèle extrêmement limité, bien en-deçà des capacités de l'entrée de gamme de la concurrence.
Pour résumer, on dirait un monstrueux hybride sorti tout droit du fond des temps, une calculatrice scientifique des années 80-90 sur laquelle on aurait voulu greffer un écran graphique.
Si le but avait été de démocratiser la calculatrice graphique, avec un prix de 10-20€ comme les calculatrices scientifiques, cela aurait été louable et acceptable.
Mais en pratique avec un prix très proche de celui d'une Graph 25+E incomparablement supérieure, c'est n'importe quoi !
Nous ne conseillerions son acquisition que dans les cas particuliers suivants, et dans ce cas avec la forte recommandation d'en acheter deux :
- collectionneurs (parmi les modèles conformes 2018, c'est en effet une pièce unique absolument incomparable...)
- intrépides souhaitant débloquer le trophée "j'ai réussi mon BAC/BTS/autre avec une Lexibook GC3000FR"
- personnes souhaitant rater leur examen/concours
- masochistes
Pour tous les autres, même si tu es limité(e) en budget, nous te conseillons très fortement de faire au moins l'effort de rajouter quelques euros pour une TI-82 Advanced ou Casio Graph 25+E.