


Cet article fait partie de notre série d'articles
.
Hier je t'ai présentée ma 1
ère calculatrice qui n'était ni une
ni une
Texas Instruments
.
Aujourd'hui voici ma 2
nde calculatrice pour mon entrée en Sixième en 1989 au collège Gérard Philipe à Montpellier. Désolé pour le faux départ d'hier
(même si ça aurait pu être pire - imaginez ce que je serais aujourd'hui si Maman m'avait offert une
Lexibook
...

)
. Mais aujourd'hui c'est la bonne, c'est bien une
Texas Instruments
, plus précisément la
TI Galaxy 10
tout justement sortie pour la rentrée 1988.
C'est monsieur Belleville qui m'enseignait à la fois les Mathématiques et les Sciences Physiques
(a posteriori corps des
PEGC
je dirais puisque bivalent)
, et j'en garde aujourd'hui encore un excellent souvenir. Je ne me souviens plus si la
Galaxy 10
était le modèle recommandé juste par l'enseignant, ou bien pour toutes les classes de Sixième.
Je précise qu'à l'époque la découverte de la calculatrice était purement personnelle. Je n'ai souvenir d'aucun enseignant apportant aide ou astuces d'utilisation, du moins pas pendant le déroulement de leurs cours.


Voici donc ma
TI Galaxy 10
maintenant sortie de son étui pliant rigide, et assemblée à l'époque en Italie comme précisé au dos. Plus précisément, le numéro de série
RCI 24 89
indique un assemblage la 24
ème semaine de l'année 1989, soit en juin 1989.
Des boutons, des rectangles et des couleurs de partout... elle en jette avec son
design
futuriste de tableau de bord de vaisseau de
ou
.
Pour moi je ne vous le cache pas, ce fut un vrai coup de foudre qui a grandement conditionné mon équipement en outils de calcul instrumenté jusqu'à ce jour.



Mais avant de la prendre en main, commençons par voir ce qu'en dit
Texas Instruments
avec la boîte reproduite ci-contre.
La
TI Galaxy 10
a donc un surnom ambitieux,
La Clé des Maths
. La boîte va même encore plus loin pour transmettre l'aspect extraordinaire de ce produit, illustrant un élève qui va au collège avec sa
TI Galaxy 10
en guise de cartable tellement il n'y a besoin de rien d'autre.
La
TI Galaxy 10
est donc une calculatrice scientifique conçue pour les niveaux Sixième à Cinquième de l'époque, et également utilisable en CM2.


Le
marketing
ne recule devant rien, parlant même au dos de la boîte d'un produit conçu en France. Là je ne suis pas certain que ce soit vrai.
Ce qui est exact, c'est que la
TI Galaxy 10
est un modèle uniquement distribué en France. Mais le reste du monde a bien eu droit à un produit équivalent et même quasiment identique, la
, avec 1 unique différence de touche clavier, mettant en avant l'écriture anglo-saxonne des fractions.
Cela m'étonne qu'un produit
Texas Instruments
à distribution mondiale ait été entièrement conçu en France, mais c'est avec mes repères d'aujourd'hui. Tout comme l'assemblage en Italie aujourd'hui totalement anachronique d'ailleurs.


Le
manuel allemand de la
parle pour sa part d'une conception en collaboration avec des enseignants de nombreux
(au pluriel)
pays d'Europe.
Tout ça pour 1 touche de différence avec la
TI Galaxy 10
soi-disant conçue en France ? Visiblement, au moins l'une de ces formulations nous ment.

Petit coup d'œil également sur
le manuel de la
TI Galaxy 10
.
Son accueil est extrêmement chaleureux : invitation à apposer son nom sur une étiquette à l'emplacement dédié au dos de la calculatrice, tutoiement enthousiaste adressé au jeune utilisateur que j'étais dès l'introduction...


Tout ceci contraste avec la partie suggestions en page 45. Les masques tombent ?... Elle y invite toute personne souhaitant collaborer avec
Texas Instruments
et soumettre des idées à accompagner son courrier d'un engagement écrit selon lequel il ne lui sera dû aucune compensation d'aucune sorte. Sans quoi il ne sera tenu aucun compte de ses suggestions.
Mais qu'est-ce que c'est que cette entreprise qui visiblement veut le beurre, l'argent du beurre et le ... papier ? Qu'est-ce que c'est que cette entreprise qui visiblement ne veut pas payer ses collaborateurs lorsqu'ils apportent de bonnes idées ? J'ai trouvé ce passage tout-à-fait scandaleux à l'époque, et je n'ai pas changé d'avis aujourd'hui. Payer ses collaborateurs à la mesure de ce qu'ils méritent, ce serait quand même la moindre des choses...



Bon, venons-en enfin à la calculatrice. Les différentes couleurs de la
TI Galaxy 10
ne sont pas juste décoratives. Elles permettent de séparer les touches du clavier selon leurs fonctions, comme illustré dans le manuel. La séparation des touches de fractions, ô combien importantes à l'époque en Sixième et Cinquième, avec une couleur spécifique est fort bienvenue.
La calculatrice utilise donc a priori un écran
LCD
pouvant afficher jusqu'à 8 chiffres grâce à ses cellules à 7 segments.

Elle fonctionne en notation infixée et postfixée, la norme pour l'époque. Pas encore donc de notation préfixée, c'est-à-dire que les touches d'opérations unaires devaient être tapées après avoir saisi leur argument, pas avant. Par exemple pour
$mathjax$\sqrt{5}$mathjax$
on ne tapait pas
√
5
comme sur les calculatrices d'aujourd'hui, mais
5
√
. Je n'ai pas le souvenir que cela m'ait dérangé le moins du monde.
Pas d'écriture naturelle à l'époque et encore moins sur un tel écran, les saisies doivent donc être parenthésées correctement pour être équivalentes aux expressions des énoncés en terme de priorités opératoires. Notons justement une petite fonctionnalité bien sympa dans ce cadre, à partir du moment où tu as ouvert une parenthèse lors d'une saisie, un indicateur à gauche de l'écran s'allume et ne s'éteindra que lorsque tu auras correctement fermé toutes les parenthèses.


Maintenant nous allons commencer à aborder ce qui fait de la
TI Galaxy 10
une calculatrice extraordinaire pour l'époque. Tu as peut-être déjà remarqué, mais il n'y a pas 1 touche de division au clavier mais 3.
÷
pour la division décimale,
/
pour les fractions, et
├
pour la division euclidienne.
Formidable, j'avais donc la division euclidienne sur la calculatrice, elle me donnait d'une seule touche les 2 résultats quotient et reste attendus, en prime en m'indiquant clairement qui était qui !

Indicateurs écran donc dédiés aux parenthèses, quotients et restes, l'écran de la
TI Galaxy 10
est tout sauf banal. Mais ce n'est rien encore.




La calculatrice gère donc les fractions, et les 8 cellules numériques sont toutes séparées par un indicateur permettant d'allumer une barre oblique de fraction. Ce n'est certes pas la notation naturelle, mais c'est oh combien intuitif à lire. Cet écran conçu sur-mesures pour une écriture en ligne des fractions est absolument génial !

En prime un indicateur en bas de l'écran dit si le résultat fractionnaire actuellement affiché est simplifiable, et la touche
SIMP
permet justement de simplifier ces fractions pas à pas. Fantastique, j'avais toute la justification des calculs de fractions étape par étape, je n'avais plus qu'à recopier !



J'ai même eu un cahier d'exercices prenant tout spécialement appui sur la
TI Galaxy 10
,
Bon départ en Maths
de chez
Magnard
. Comme quoi
Texas Instruments
cultivait déjà à l'époque de bons rapports avec les enseignants et éditeurs, même pour les calculatrices scientifiques du collège.
Ce n'est pas un cahier demandé par l'enseignant ou le collège, c'est il me semble Maman qui me l'avait ramené, sans doute l'avait-elle eu en spécimen quelque part. Je n'y ai absolument pas accroché à l'époque et n'ai d'ailleurs rien écrit dans le cahier, de bêtes exercices à trous déroulés ultra lentement avec les touches
TI Galaxy 10
à taper une par une. Il est peut-être excellent, mais désolé je ne peux pas être neutre à son sujet.
Je ne comprenais absolument pas l'intérêt d'un cahier qui ne me donnait aucune astuce que je ne connaissais déjà, et me faisait décomposer touche pas touche des parties d'exercices que je faisais déjà plus rapidement en calcul posé.
Sans doute faudrait-il un autre enseignant pour vous donner un avis objectif.



Bon, passons maintenant à l'étape que vous attendez maintenant tous, le démontage. La
TI Galaxy 10
utilise 2 piles bouton
LR44
mises en série.
C'est la première calculatrice que j'ai ouverte de ma vie, curieux à l'époque de savoir comment c'était fait dedans.
Ce qui peut paraître inhabituel, c'est que la calculatrice n'utilise pas de carte mère rigide. Son circuit électronique est gravé sur une simple feuille de papier plastique souple.
Il s'articule autour d'un microcontrôleur
CD4816AN2S
estampillé
Texas Instruments
.
On note une mention
TI-JUNIOR
dans un coin, indiquant donc que les
TI Galaxy 10
et
partageaient le même matériel.

Mais comment le matériel savait-il alors qu'il devait fonctionner différemment, notamment pour les touches de fractions ? Le musée
Datamath
nous résout ce mystère en
démontant sa
.
La seule résistance de la
TI Galaxy 10
est manquante, et on découvre dessous une inscription
TI-10
.
Cette résistance agit donc en tant que
jumper
elle permet de choisir le mode de fonctionnement du matériel :
TI Galaxy 10
lorsqu'elle est présente- lorsqu'elle est absente
Pas de grand intérêt a priori, mais si ça t'amuse tu peux donc très facilement transformer ta
TI Galaxy 10
en
, ou ta
en
TI Galaxy 10
.

Aujourd'hui encore je trouve la
TI Galaxy 10
extraordinaire et révolutionnaire pour l'époque, des fonctionnalités géniales tout sauf élémentaires
(division euclidienne, calcul fractionnaire...)
qui à l'époque n'étaient même pas intégrées sur les calculatrices programmables et graphiques.
C'est justement le souvenir de la
TI Galaxy 10
qui m'inspira et me poussa quelques années plus tard à étendre les possibilités de ma calculatrice graphique
TI-85
en y programmant ces fonctionnalités et bien d'autres bien utiles dont elle ne disposait pas d'origine, et à le faire ensuite pour les calculatrices des autres sur
TI-Planet
jusqu'à-ce que le mode examen ne vienne stupidement nous l'interdire et ne plus donner comme seule et unique solution aux utilisateurs que l'achat d'un modèle plus cher.
Merci
Texas Instruments
pour m'avoir offert avec la
TI Galaxy 10
une superbe entrée dans le calcul instrumenté, et mine de rien à retardement dans la programmation grâce aux ambitieuses fonctionnalités préprogrammées !
