La totalité d'entre eux concernait des collégiens (à croire qu'au lycée on n'a pas le temps d'apprendre en s'amusant), et n'utilisaient donc pas la calculatrice graphique, matériel dont on ne dispose pas au collège, mais des mini-cartes Linux embarqué.
D'un autre point de vue, c'est assez paradoxal et regrettable. La calculatrice graphique serait donc systématiquement délaissée par les enseignants de collège souhaitant s'investir dans un pojet faisant appel à de la programmation.
Autrement dit, l'outil de référence actuel avec lequel les lycéens découvrent la programmation en Mathématiques serait donc délaissé dès qu'il s'agit d'aller plus loin dans la pédagogie de projet encouragée par les derniers programmes scolaires.
Il faut dire que les projets en question nécessitaient un interfaçage avec le monde extérieur pour contrôler des capteurs et/ou actionneurs.
En évoluant en calculatrice graphique, l'ordinateur de poche des années 80 a presque intégralement perdu sa riche connectivité.
Cause ou conséquence, les périphériques pour calculatrices graphiques sont en effet rares car exclusivement développés par le constructeur ou en partenariat avec ce dernier, donc assez chers, et de plus incompatibles avec d'autres marques puisque développés de façon propriétaire.
Les calculatrices TI notamment disposent bien d'une gamme très riche de capteurs, provenant quasiment tous du constructeur Vernier.
Mais d'une part, ces capteurs sont assez chers, pouvant parfois atteindre plusieurs 10aines d'euros pour ce que l'on peut supposer être une simple résistance variable branchée sur 2 fils.
En prime, ils utilisent des prises BT (British Telecom) dont la connexion à la calculatrice nécessite une interface TI-CBL2, Vernier LabPro ou TI-Nspire Lab Cradle propriétaire encore plus chère !
A l'échelle du budget d'un établissement cela peut certainement passer... Mais pour un projet non collectif d'élève ou d'enseignant, c'est bien autre chose...
D'autre part, il n'y a quasiment pas de possibilité de contrôler des actionneurs (diodes, moteurs...).
Dans le temps sur les TI-z80 et TI-68k monochromes les interfaces TI-CBL2 et Vernier LabPro permettaient certes de contrôler des interfaces robotiques comme le Vernier DCU (Digital Control Unit), en utilisant des programmes en assembleur fournis par le constructeur. Mais ces programmes n'ont jamais été portés sur les derniers modèles TI-z80 couleur, et la programmation assembleur est farouchement combatue également sur TI-Nspire.
Le TI-Robot lui aussi nécessite une connexion série mini-Jack qui a disparu des derniers modèles.
Autrement dit, la communication est désormais à sens unique : les dernières calculatrices peuvent récupérer les données de capteurs mais n'ont plus aucun moyen d'agir sur le monde extérieur !
Nous ne jetons pas particulièrement la pierre à Texas Instruments - on peut reprocher exactement la même chose aux autres constructeurs HP et Casio, des capteurs rares et chers avec des connecteurs différents pour garantir leur incompatibilité et nécessitant des interfaces encore plus rares et chères, et peu ou même pas de possibilités de déclencher des actionneurs.
Aujourd'hui, la calculatrice graphique du lycéen ne semble donc plus adaptée aux besoins de possibilités de programmation découlants des dernières évolutions du programme du collège pronant entre autres la pédagogie de projet.
Et si il n'y a pas de conséquences imminentes aujourd'hui, il y en aura demain avec :
- de nouveaux programmes du lycée écrits probablement dans la continuité de ceux du collège
- une génération montante d'élèves qui auront déjà été familiarisés à la programmation sur d'autres plateformes et pourront avoir envie de conserver ces dernières pour leurs travaux de programmation ou projets de ICN/TPE/ISN
- des enseignants de collège qui vont partager des ressources de plus en plus nombreuses sur ces plateformes, rendant ainsi leur utilisation plus abordable pour d'autres enseignants prêts à franchir le pas
Mais Texas Instruments semble bien décidé à réagir !
Dans plusieurs articles précédents nous avons découvert la possibilité historique de brancher un clavier USB sur la TI-83 Premium CE après mise à jour de l'OS avec la version 5.1.5 de janvier dernier !
Cela a peut-être l'air d'une triste banalité, mais c'est une évolution historique - pour la première fois depuis les premières calculatrices USB en 2004 on peut enfin officiellement brancher et utiliser un périphérique qui n'a pas été validé par le constructeur !
Dans ce même OS 5.1.5 pour TI-83 Premium CE, nous remarquions l'apparition de nouvelles commandes Send( et Get( permettant de contrôler des périphériques USB dont nous déduisions l'arrivée prochaine.
Aujourd'hui avec le nouvel OS TI-Nspire CX 4.2, des commandes similaires Get(), Send() et GetStr() font comme par hasard également leur apparition, et cela commencerait à faire beaucoup pour de simples coïncidences...
Le manuel 4.2 est désormais très clair là-dessus :
Get [chaîneInvite,] var[, VarÉtat]
Get [chaîneInvite,] func(arg1, ...argn)[, VarÉtat]
Commande de programmation : Demande une valeur provenant d’un périphérique connecté au port USB et affecte cette valeur à la variable var.
Le périphérique USB doit être configuré pour une communication avec le logiciel ou les unités TI-Nspire™.
Plus aucun doute, nous avons bien là la confirmation désormais officielle de l'arrivée de nouveaux périphériques, probablement présentés dès la semaine prochaine au salon international T3 à Orlando.
Et la bonne nouvelle, c'est que ces périphériques seront apparemment compatibles avec l'ensemble de la gamme récente, aussi bien TI-Nspire CX que TI-83 Premium CE et TI-84 Plus CE.
Nous pensions initialement à une interface d'acquisition de données physiques avec connexion USB, les anciennes ne pouvant plus être branchées sur les calculatrices récentes.
Mais les nouvelles commandes de lecture get étant systématiquement accompagnées de commandes d'écriture send, il s'agit visiblement de quelque chose de plus évolué, permettant à nouveau la communication bidirectionnelle entre la calculatrice et le monde extérieur qui avait été perdue avec les années.
Les exemples fournis dans le manuel TI-Nspire CX 4.2 nous font même là penser à quelque chose d'encore plus évolué, vu qu'il semble y avoir un véritable langage de script pour contrôler le mystérieux périphérique, et que ce dernier doit donc être capable d'interpréter :
- Lire l’état d’une DEL verte :
- Code: Select all
Send "READ GREEN 1"
Get green1
- Code: Select all
Get "READ GREEN 1", green1
- Allumer une DEL verte pendant 0,5 seconde avant de l’éteindre :
- Code: Select all
Send "SET GREEN 1 ON"
Wait 0.5
Send "SET GREEN 1 OFF"
Edit: Côté Nspire-Lua, Adriweb a pu faire, sur TINCS, un test concluant avec les nouveaux APIs de communication avec les périphériques - plus de détails ici.
A très bientôt...