C'est sous l'angle de l'apauvrissement que je lis la référence à 1984 postée par Orian, en l'occurrence le novlangue (ex. "doubleplusungood thoughtcrime", en français "doubleplusinbon crimepensée") qui participe à l'abêtissement de la population, facilitant son contrôle, dans le grand livre d'anticipation (*), terriblement pessimiste (contrairement au Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley, avec une fin plus ouverte), qu'est l'excellent vieux 1984 de George Orwell. Contrairement au Meilleur des Mondes, et bien que je l'aie aussi, je ne l'ai jamais lu en entier, j'en connais juste certains des passages les plus marquants.
J'avais lu un article effarant sur la réécriture, dans les années 2010, d'albums du Club des Cinq / Clan des Sept, où le passé simple a été remplacé par le présent, des passages mal caviardés et par là-mêmes des incohérences générées (des personnages parlent alors qu'ils ne sont pas présents à ce moment-là), etc. La vraie solution pour que les nouvelles générations auxquelles on enseigne moins de choses puissent accéder à la littérature contemporaine n'est pas celle-là, c'est de remonter le niveau qui ne fait que de baisser.
L'évolution des langues est inévitable pour éviter la fossilisation et la marginalisation. Les allemands l'ont également fait assez récemment, et il y a eu des résistances et des retours en arrière. Mais c'est probablement déjà "too little, too late" pour le français - surtout si on met 25 ans à appliquer une relative réformette (qui a ses défauts, je l'ai déjà écrit) - parce que comme nous le savons tous, de toute façon, l'anglais et l'espagnol sont déjà nettement prioritaires sur le français dans le monde

La domination de l'anglais, c'est à dire de la somme des variantes locales indépendantes, plus ou moins "correctes", et interfécondes, ne vient pas que de l'empire colonial et économique anglais, je pense qu'il vient également de certains traits puissants et simples, comme:
* les prépositions et postpositions sur les verbes (look at sth, look for sth, look after sb, etc. - plus simple que regarder quelque chose / chercher quelque chose / rechercher quelqu'un);
* les postpositions de type nom sur les adjectifs et noms: apple-tree / pear-tree vs. pommier / poirier, raspberry / blueberry / blackberry et des dizaines d'autres "berries" vs. fraise / myrtille / mûre et des dizaines d'autres noms presque toujours sans lien;
* le genre neutre: ça n'a fondamentalement aucun intérêt de considérer le genre des objets, par exemple que le soleil est masculin et que la table est féminine en français (c'est différent en allemand);
* certains accords qui ne se font pas en anglais - on s'en sort très bien sans;
* l'absence de déclinaisons - on s'en sort très bien sans;
* les formules de politesse qui passent par les mots et non, par exemple, par la forma di cortesia italienne.
Ca ne veut pas dire que l'anglais soit aussi simple qu'il pourrait l'être, par exemple à cause:
* des verbes irréguliers. Mais, en français, on n'a pas vraiment de leçons à donner sur le sujet de l'irrégularité des verbes... et d'ailleurs, les verbes du 3ème groupe peuvent être suffisamment pénibles à conjuguer pour beaucoup pour qu'on réinvente des verbes équivalents du 1er groupe, cf. résoudre -> solutionner (qui est plutôt moche).
* de quelques particularités de concordance des temps, par exemple "when I'm 64" ou le curieux "it's high time that sb did sth" / "it was high time that sb had done sth". Là aussi, le français a des bizarreries: je me souviens, en latin, d'une phrase ~"nisi auxilium mittetur, vincamur" (à vérifier), se traduisant littéralement en français "si du secours n'aura pas été envoyé [entretemps], [alors] nous serons vaincus [plus tard]", plus logique que le "si du secours n'est pas envoyé, nous serons vaincus" correct en français.
*: 1984 est maintenant à considérer comme un livre d'anticipation et non comme un livre de SF, puisque nos gouvrenants l'utilisent comme manuel, avec le flicage généralisé et inefficace de la population, sous prétexte d'un terrorisme qui permet de mieux contrôler une population par la peur, le ressentiment et la haine. Chacun est libre de penser ce qu'il veut de l'opportunité de la survenance dudit terrorisme, et éventuellement de l'aide à la survenance dudit terrorisme, sachant que le Patriot Act comme les conneries sécuritaires actuelles en France étaient déjà écrites des années auparavant et n'attendaient qu'une occasion d'être mises en place...