Pourtant, en faisant les rayons pour la rentrée, vous avez peut-être remarqué qu'il existait une calculatrice graphique à peine plus chère que les calculatrices scientifiques collège, la Lexibook GC1750 dans les 20€, un prix défiant toute concurrence.
Lexibook est certes un constructeur français, mais nous couperons court à tout élan de chauvinisme en pointant la mention "made in China" au dos.
La calculatrice dispose d'une alimentation par pile bouton CR2032 de 3 Volts, lui permettant une grande finesse. Il s'agit d'ailleurs d'une alimentation fort originale, puisque la calculatrice peut accueillir deux piles boutons. On aurait pu croire que comme pour d'autres modèles la 2ème pile soit réservée au maintien du contenu mémoire pendant le remplacement de la première mais non: la calculatrice s'allume quelque soit l'emplacement utilisé pour la pile. Ces deux piles semblent donc montées en dérivation.
Le manuel n'avançant rien de clair et semblant même se contredire souvent entre le pluriel et le singulier, on peut faire l'hypothèse de deux utilisations pratiques:
- choisir la longévité de la calculatrice en laissant le choix à l'utilisateur de l'alimenter avec 1 ou 2 piles (rappelons que les piles bouton sont chères)
- permettre la préservation du contenu mémoire lors du remplacement des piles, à condition d'insérer la nouvelle pile dans l'emplacement libre avant le retrait de l'ancienne pile
Imaginez de même que votre TI ou Casio vous laisse le choix de nourrir la calculatrice avec 1, 2, 3 ou 4 piles AAA!
C'est hélas impossible puisque les piles sont normalement montées en série sur la quasi totalité de ces modèles... Les choses avaient bien commencé à évoluer avec les premiers prototypes TI-Nspire rendus publics, les TI-Nspire CAS+, alimentés par deux blocs parallèles de deux piles AAA série. Un seul des deux blocs était nécessaire à l'allumage et l'utilisation de la calculatrice, mais c'est hélas une possibilité qui a été bloquée sur les modèles commercialisés.
Le matériel suprend par sa simplicité pour une calculatrice graphique: une seule puce électronique noyée sous une goutte d'epoxy solidifié - une configuration habituelle pour une calculatette quatre opérations ou calculatrice scientifique, mais pas pour une calculatrice graphique.
Mais rien d'étonnant, c'est normal - regardez un petit peu l'écran quand on augmente le contraste...
Euh contraste, contraste...
Bizarre, je ne trouve aucune touche pour régler le contraste... et vous?
Et oui, il s'agit de la première farce annoncée par le titre - le manuel parle d'un réglage de contraste dans le contexte de piles faibles mais vous aurez beau chercher, c'est la seule et unique fois que ce mot est employé de tout le manuel!
Je vais donc chercher une inclinaison où l'on ne voit pas trop mal:
Vous avez vu? L'écran n'est destiné à rien de plus qu'à tromper l’œil de l'utilisateur non averti passant devant en rayon. C'est moins de la moitié de sa surface qui est utilisée pour l'affichage.
Ce n'est qu'une petite zone matricielle inférieure gauche qui sert effectivement à l'affichage graphique. Tout le reste est constitué de voyants de forme prédéfinie à allumer/éteindre. L'absence de formes à calculer/définir explique donc la faiblesse de l'électronique nécessaire.
Avec seulement 47x32 pixels, c'est donc un écran pire que le 64x48 de la TI-80 de 1995, il fallait oser le faire!
Cet écran n'est pas sans me rappeler les calculatrices graphiques proposées par le constructeur Sharp au début des années 90, à la différence que les calculatrices graphiques Sharp ont disparu de nos rayons depuis bien longtemps.
Ce n'est pas la seule farce présente dans le manuel. Ce dernier conseille également d'effectuer régulièrement une sauvegarde de vos données:
Mais vous aurez beau chercher, vous ne trouverez pas de connecteur sur la calculatrice, ni plus de précisions dans le manuel sur comment réaliser cette sauvegarde. Soit la calculatrice dispose d'une puce WiFi/Bluetooth bien cachée... Soit comme pour l'écran il faut se replonger dans le contexte du début des années 90, et réaliser la sauvegarde à la main en recopiant les données (programmes, équations, résultats...) à la main sur une feuille de papier comme on le faisait sur les antiques TI-81/80.
Enfin bref, un manuel dont la rédaction semble avoir été sous-traitée auprès d'une équipe ne connaissant/maîtrisant même pas la calculatrice en question.
Alors corrigeons un petit peu notre phrase d'introduction: l'entrée de gamme décente pour les calculatrices graphiques se situe autour de 50€.
Téléchargement:
Manuel Lexibook GC1750