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Jeudi soir dans son interview sur TF1, notre Président nous a donc dévoilé son "Grand Plan Numérique" pour l'enseignement, avec la fourniture d'une tablette tactile dès la rentrée 2016 à chaque élève de Cinquième.
Un plan ambitieux, non sans rappeler l'extraordinaire plan Informatique Pour Tous qui avait équipé dès 1984 écoles, collèges et lycées d'ordinateurs Thomson 8-bits branchés en réseau, les MO5 et TO7 pour les plus connus, ou encore MO6, TO8 et TO9.
Ce plan fut toutefois un échec, et Thomson-SIMIV déposera le bilan en 1989.
Au niveau des reproches, on peut mettre :

• absence de compatibilité avec les ordinateurs 8-bits d'autres marques (pas de système d'exploitation universel à l'époque) et donc un écosystème cloisonné
• absence d'évolution de la puissance des machines - pour ne pas casser la compatibilité et ne pas contraindre les éditeurs à devoir mettre à jour tout ce qu'il avaient publié (pas d'Internet à l'époque pour livrer les mises à jour à domicile), le processeur est resté un 6809 à 1MHz de 1982 à 1989, en violation de la loi de Moore pendant que la concurrence, elle, continuait d'évoluer
• absence de formation des enseignants - l'organisation de séances informatiques relevait du volontariat de l'enseignant, et j'en ai personnellement assez peu profité en primaire avec mes institutrices d'un certain âge, la salle montée exprès pour cela dans l'école demeurant donc désespérément vide...

Toutefois, il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain pour autant. Ces ordinateurs avaient nombre de qualités, je dirais même des années d'avance sur les PC qui allaient pourtant les remplacer et monopoliser le marché (ou peut-être peut-on dire que les PC avaient des années de retard, c'est selon...) :

• avec une interface tactile grâce au crayon optique, plus de 20 ans avant l'avènement des tablettes tactiles
• avec un écran graphique, là où le système d'exploitation DOS des PC cantonnait les utilisateurs à un écran texte
• avec l'utilisation de la télé couleur (comme une console de jeux), là où les PC de l'époque étaient encore souvent vendus avec un écran monochrome qui passait car destiné au travail et non aux loisirs, et permettait de baisser le prix
• avec la présence d'un connecteur universel de périphériques, véritable précurseur de l'USB, et tout comme l'USB l'on pouvait rajouter des prises avec des multiplicateurs de port, alors que les PC devaient être démontés pour rajouter des périphériques
• et avec donc la connectivité réseau

La France opte donc pour la solution tablettes.

Une solution à laquelle j'aurais pour ma part préféré l'ordinateur portable, véritable outil de production/travail, là où la tablette est plutôt un outil ludique de consultation/consommation.
Faut-il encore que l'ordinateur portable soit intégré dans un réseau local de classe, sur lequel l'enseignant doit disposer de droits d'administration fondamentaux :

• distribuer un document de travail
• relever un travail
• visualiser les écrans à distance pour contrôler le travail

Bref, ne m'en veuille feu Georges Frêche, pas comme l'Ordi expérimenté dans la région Languedoc Roussillon, où les deux premières tâches ci-dessus auraient nécessité de demander aux élèves d'apporter leur ordi une heure avant, et de venir le récupérer une heure après, afin de distribuer/relever le tout à l'aide d'une clé USB.



Une page de l'histoire de l'enseignement serait donc en train de se tourner, avec la fin des calculatrices graphiques.
En effet, si les élèves ont déjà dans leur sac un outil électronique leur servant pour toutes les matières, pourquoi continuer à exiger un deuxième outil électronique spécifique aux mathématiques ?

Et pourtant, la réponse n'est pas aussi évidente.

La quasi totalité des épreuves du BAC consistent en des dissertations ou études de documents, selon l'épreuve soit toutes deux obligatoires, soit à choisir. Même la Physique-Chimie en série S a amorcé depuis la session 2013 une évolution vers cette forme d'évaluation.
A priori, je ne vois pas de difficulté à la préparation de ces épreuves à l'aide d'une tablette, à partir du moment où elles savent au moins lire et afficher des documents.

En mathématiques, c'est toutefois bien différent. La phase d'apprentissage nécessite la manipulation plus ou moins concrète des diverses représentations d'objets mathématiques (nombre, expression, formule, équation, figure, patron, solide...). Et cette phase n'est pas toujours organisée en papier/crayon - elle peut faire appel selon le contexte et le niveau au papier calque, ciseaux, colle, pliage, crayons de couleur...
Transposer ces situations dans un contexte TICE n'est pas toujours évident pour les enseignants.

Ce n'est pas vrai pour toutes les situations, mais l'Internet regorge pour l'enseignant anglophone, d'outils souvent gratuits pouvant faciliter cette transposition dans le monde de l'ordinateur PC.

Dans l'écosystème souvent fermé d'une tablette, il y a beaucoup moins de choix. Il y a bien évidemment l'excellente application TI-Nspire pour tablettes iPad, mais sans programmation en Lua je ne vois pas toujours de façon évidente d'adapter toutes les situations énumérées ci-dessus, notamment lorsque les objets mathématiques ne sont pas encore tous définis comme au collège.
Le professeur de Mathématique n'aura pas toujours les compétences pour palier à ces manques en développant l'application qui répond aux besoins de la situation qu'il a choisie de faire étudier.
Et même si il les avait, a-t-il seulement le temps de se changer en développeur ?

Ce qui manquerait à l'application TI-Nspire, serait par exemple un SDK Lua (kit de développement), permettant d'automatiser la programmation de certaines tâches basiques, comme le glisser/déposer d'images qui en papier-crayon auraient été découpées/collées.

Ce sont donc des problèmes auxquels l'institution et les éditeurs d'applications vont devoir répondre rapidement.
Peut-être même que les constructeurs de calculatrices graphiques, véritables outils de travail à la différence, n'ont pas encore dit leur dernier mot et apporteront eux aussi des réponses, logicielles ou matérielles.



Par contre, nous pouvons en conséquence programmer l'autorisation de la tablette tactile au BAC pour la session 2022 suite à l'arrivée de cette génération de cinquièmes tactiles en Terminale à la rentrée 2021.
Il serait en effet ridicule à mon avis de ne pas autoriser aux candidats au BAC, l'outil de travail qu'ils auraient utilisé dans toutes les matières pendant toute leur scolarité post-sixième, au même titre que le stylo si il existe encore à ce moment-là.

Il faut donc d'ici-là une nouvelle circulaire spécifiant les modalités d'autorisation. Toutes les tablettes ? Seulement les tablettes distribuées par l'institution, ce qui reviendrait à une liste de modèles autorisés ?
D'ailleurs, y aura-t-il un seul modèle de tablette pour les Cinquièmes ? Plusieurs ?
Faut-il un mode examen verrouillant l'accès à Internet (pas comme les tablettes Lexibook donc, ce dernier voulant vendre ça sans mode examen dès cette année au rayon calculatrices), aux documents personnels et applications non préinstallées ?

Dans le cas d'un mode examen, je puis en effet comprendre le choix d'un écosystème fermé comme celui d'une tablette en lieu et place d'un PC où on peut tout faire, même si cela n'est pas pour autant un gage de sécurité indiscutable comme le dé-montre la pratique du 'jailbreaking' ou du 'rootage' de tablettes.

Les constructeurs de tablettes doivent dans tous les cas être en train de se frotter les mains devant les contrats astronomiques annoncés, vu le prix à l'unité de leurs outils. Outre Apple et Samsung, le français Archos serait apparemment dans la boucle.
Ils vont sûrement se dépêcher d'apporter des solutions plus ou moins bien sécurisées pour les examens.



Crédits images : http://www.creatice.ac-versailles.fr/sp ... article281 (tablettes iPad)

Bonjour,

Effectivement, il aurait mieux valu un ordinateur que des tablettes tactiles ! Car c'est beaucoup plus pratique... que des tablettes les tablettes sont inutiles !!! Appart pour des élèves de primaires à la limite avec des application éducative !! Mais pour le collège et le lycée cela ne vaut rien Appart si ce sont des tablettes tactiles avec Windows comme système d'exploitation... (Des ordi-tablettes quoi !!! Comme par exemple les Microsoft surface (1,2 ou pro 3). Mais apparemment c'est prévu d'être des Ipad donc... Aucun accés au à tout les logiciels Windows, ni à Word, excel, Power-Point (enfin tout le pack office quoi...)

En plus il y aura plein de profs incompétents qui ne seront pas du tout en mesure d'utiliser ces outils même après avoir suivi une formation !!! En espérant que l'état payent une formations à tous les professeurs concernées !!!

Après je en crois pas que cela puisse remplacer les calculatrices !! Enfin j'espère ! Mais pour l'instant je ne connait aucune application ios capable de remplacer les calculatrices... enfin celles de collèges et de primaire (les scientifiques) pourront être facilement remplacer... n’empêche quelles ne le sont pas encore.... Et puis pour moi les calculatrices supérieures (les formelles et les graphiques) ne pourront en aucun cas être remplacer !! enfin j'espère et je le souhaite car je ne voudrait pas que ce superbe site ne disparaissent !! Mais bon 2016 c'est encore loin... j'espère que les fabricants de Calculatrices comme Casio et Texas Instruments auront le Temps de rebondir, de passer à l'aire du numérique et pourquoi pas créer eux même des applications qui émuleraient leurs calculatrices (applications qui seraient payantes bien sur...) et que l'état ou les parents payeraient... Elles seraient d'ailleurs moins chères que des vraies calculatrices car aucune fabrication !!! Après par contre ce ne serait pas une bonne nouvelles pour les millions de chinois qui fabriquent chaque jours des calculatrices Casio (je ne sais pas du tout où sont fabriquer les TI) et qui en vivent... Par contre si c'est l'état qui payent cette application aux élèves... ce sera la guerre entre Casio et TI pour savoir qui décrocheraient le marché...


Mais bon l'ère du numérique est encore loin !!! Encore faut t-il que le président tienne sa promesse... !! Et le changement des cahiers contre des tablettes ce n'est pas maintenant !!!

En effet, c'est une connerie d'aller dans l'axe tablettes à la iPad...
Des Chromebooks auraient été à la fois plus adaptés, moins chers, plus puissants, plus ouverts ! Voir le récent Chromebook Acer 13", qui est, techniquement, une superbe machine, pour moins de 400$.

Bonjour,

Oui surtout que cela aurait été beaucoup mieux, bien qu'il n'y ait pas Windows....

Et cela n'aurait pas été plus onéreux pour l'état...

Car je ne voit pas du tout des personnes passer le BAC avec un Ipad...

Victor: Toutes les calculatrices (en particulier les formelles) seront facilement remplacé . C'est (je trouve) une aberration de vendre ce matériel (pour l'instant je ne parle que des capacités matérielles) à ce prix là O.O ... Après pour le logiciel, il y en a pas mal de logiciels formels (Plus performant que celui de la nspire notamment). Une puissance de calcul plus élevée permettra même des logiciels (ou application devrais-je dire --") plus performants/complets/puissants

Mon avis sur le reste :
- Je vois d'ici venir les grandes inégalités entre les établissements (voir même les élèves si ils peuvent s'acheter eux-même leur tablette), par rapport au différences de budget ... Après c'est un peu le cas aujourd'hui avec les calculette, on peut "acheter son BAC avec une nspire"
- J'imagine que les systèmes d'exploitation ne seront que de pauvres surcouches d'android, et j'imagine déjà les jailbreaks à gogo Et à partir de là, c'est comme avoir une tablette classique pendant l'épreuve du BAC (ou du brevet aussi du coup) .. Et pour les cours, hop une petite partie de candy crush en LAN dans la classe (je connais pas le jeu, c'est juste pour l'idée )
- Un point positif néanmoins, c'est que je pense que cela permettra de plus "modulariser le marché". Par exemple ça permettra peut être à des petites entreprises de développer des applications pédagogiques spécialisées etc. En gros de ne pas donner l'exclusivité à CASIO ou TI de décider en quoi consiste l'unique matos numérique dont dispose les élèves

" au même titre que le stylo si il existe encore à ce moment-là." c'est triste à entendre (Enfin à lire dans le cas présent x) )

Lamentable.

C'est non seulement stupide, mais cela ne sera surtout jamais réalisé... heureusement.

Personnellement, je trouve que ce serait pas mal si c'était fait avec un matériel adapté, du genre une raspberry pi avec l'écran tactile, mais en moins modulable pour limiter (légèrement) les triches et détournement (pas comme une ti quoi ) .
Mais bon il n'y a aucun espoir vu qu'apple a été mentionné, et tous les éclairés savent pertinemment que ce qui vient d'apple est juste (beauuuuuucoup) plus cher que la concurrence sans être plus performant (exemple: ils vendent encore des mac à 1100€ qui peinent à gérer les dossiers de quelques gigaoctets et qui ne peuvent pas faire tourner de jeu récents (et il est sortit après les vacances - ou pendant, je sais plus ).
Cette erreur technologique qu'est apple ayant donc été mentionnée, c'est mort, on aura rien ou quelque chose d’extrêmement peu adapté.

Ah, mais c'est lobbying, copinage, magouille et compagnie, l'éducation comme le reste...

Et puis quand on voit le prix des produits vendus par l'UGAP aux etablissements scolaires, on comprend pourquoi l'education coute aujourd'hui aussi cher..