Cette réforme correspond-elle à une trahison de l’histoire de la langue, ou d’un nivellement par le bas ?
Plutôt que de réagir immédiatement sous le coup de l’émotion, j’ai préféré lire le document décrivant précisément les choix et leurs raisons ; je vous invite à le consulter si cela vous intéresse. Remarquez que cette réforme n’est pas une nouveauté et date d’un quart de siècle ; simplement, ce n’est que maintenant que les éditeurs commencent à l’adopter. L’on peut prendre connaissance d’éléments assez intéressants, comme les suivants :
- Les acteurs impliqués ont réfléchi aux objectifs et aux conséquences.
- Ils ont procédé à des changements mesurés et réfléchis.
- Le but des simplifications n’est pas de baisser le niveau scolaire, mais d’accompagner et aider l’évolution de la langue et de la rendre plus accessible aux étrangers, ainsi que de corriger des décisions absurdes prises dans le passé.
À titre personnel, malgré le purisme que vous me connaissez à propos de la linguistique, je suis plutôt favorable aux propositions. J’exprime toutefois plus de réticence à l’égard des suivantes, que je ne suivrai donc probablement pas :
- Lorsque l’on écrit des numéraux en toutes lettres, il faut désormais mettre partout des traits d’union plutôt que de n’en mettre qu’entre les dizaines et unités. Par exemple, 120.235 devrait maintenant s’écrire « cent-vingt-mille-deux-cents-trente-cinq » au lieu de « cent vingt mille deux cents trente-cinq ». Je trouve cela dommage car la règle d’avant n’était pas si compliquée. J’ai maintenant l’impression d’être inondé de traits d’union. J’aurais plutôt fait que les traits d’union se mettent entre les centaines, dizaines et unités pour que l’on voie visuellement des groupes de trois chiffres, comme le point séparateur le permet quand on écrit le nombre en chiffres romains. Cela aurait donné : « cent-vingt mille deux-cents-trente-cinq ».
- Le « e » final lors d’une inversion sujet-verbe prend maintenant un accent grave plutôt qu’un accent aigu, pour des raisons de « régularité ». Ainsi, « dussé-je » se voit remplacé par « dussè-je ». Je trouve cela vraiment moche, en plus du fait que ça crée des ambiguïtés supplémentaires à l’oral dans certains cas. Par exemple, « mangè-je » pourrait être compris comme « mangeais-je » ou « mangeai-je ».
Quel est votre avis sur la question ? Folie ou réalisme ? Êtes-vous d’accord avec toutes les décisions ? En auriez-vous ajouté ? Ou cela vous est-il égal ?