Aux épreuves d'examens de l'enseignement secondaire en France, la calculatrice graphique doit être mise en mode examen, un mode qui selon les modèles efface ou verrouille les données, et parfois même certaines fonctionnalités.
La France n'est pas le seul pays à avoir ainsi institutionnalisé le mode examen. C'est également le cas, entre autres :
Au Portugal, le mode examen est appliqué depuis la session 2019 pour les épreuves de Physique-Chimie et 2021 pour les épreuves de Mathématiques.
Une liste nationale de modèles conformes aux spécifications officielles est mise à jour et diffusée chaque année. Pour la session 2022, il s'agissait des :
Les spécifications censées être vérifiées par les modèles précédents se résument à des interdictions, les voici :
Ces contraintes doivent donc être vérifiées au moins en mode examen.
Elles expliquent notamment plusieurs régressions récentes autour de la calculatrice
NumWorks, le constructeur semblant tenir très fortement au marché Portugais, quitte à jeter ses prescripteurs historiques comme de vieilles chaussettes :
- rentrée 2019, suppression des formidables fonctionnalités de calcul littéral (alors que non interdit en France)
- rentrée 2021, verrouillage empêchant l'installation de firmwares tiers et applications additionnelles (dont la formidable application de Mathématiques intégrée KhiCAS avec calcul formel entre autres, alors que non interdite en France)
- rentrée 2022, abandon du caractère opensource du firmware officiel Epsilon, nombre d'éléments vitaux/critiques ne faisant plus partie de la publication du code depuis la mise à jour 19
Raisons ou prétextes fort bienvenus, car vu l'enthousiasme à aller toujours plus loin contre les droits des utilisateurs et même au-delà de ce qui est exigé par les autorités réglementant les examens, on peut douter de la sincérité du projet tel que présenté initialement, à savoir celui d'une machine ouverte que chacun était libre de réparer, modifier ou améliorer, machine qui devient désormais de moins en moins intéressante par rapport à la concurrence, perdant son
"caractère propre".
Rajoutons la sortie d'un nouveau modèle
NumWorks N0120EX tout spécialement pour le Portugal, modèle incompatible au niveau du code machine avec l'ancien modèle
N0110 de 2019 restant distribué dans le reste du monde, et n'ayant ainsi plus besoin de faire l'objet d'une mise à jour avant les épreuves puisque de toutes façons aucun
firmware tiers avec des fonctionnalités interdites ne peut être installé dessus.
Une surenchère sécuritaire irresponsable dont l'ensemble des utilisateurs de calculatrices paieront les conséquences un jour. Suite au virage ultra-sécuritaire du constructeur, les constructeurs historiques proposent maintenant paradoxalement des modèles concurrents qui sans se prétendre
opensource deviennent davantage ouverts aux codes tiers que la
NumWorks, ces derniers ayant en effet jusqu'ici fait preuve de bonne volonté afin de trouver un juste milieu préservant les droits des utilisateurs et développeurs tiers. À partir du moment où la sécurité supérieure
(au moins en apparence) de la
NumWorks deviendra un critère permettant d'écarter l'un de ces constructeurs historiques d'une liste officielle du genre de celle du Portugal, ces derniers seront bien obligés de suivre et tout-le-monde sera ainsi puni... à cause des vulgaires objectifs mercantiles de
NumWorks.
Nous n'avons de cesse d'alerter contre cette dérive, l'éducation n'est pas une marchandise, nous ne sommes pas dans un quelconque marché mais dans le scolaire et seul doit primer l'intérêt supérieur de l'utilisateur élève final. Une fois que nous y serons, il sera trop tard pour pleurer... C'est maintenant qu'il faut faire preuve de responsabilité, de maturité, et se montrer capable de voir un peu plus loin que le bout de son nez.